Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/52

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se manifestèrent immédiatement après le partage des biens nationaux, l’essor industriel que prit la nation après la chute de l’empire, l’intérêt croissant qui s’est attaché depuis 1830, et dans tous les pays, aux questions économiques, ont prouvé que c’était bien sur ce terrain de l’économie politique que l’effort de la Révolution devait se diriger.

Cette conclusion, si manifeste, si immédiate de l’acte négatif du 4 août 1789, ne fut comprise d’aucun de ceux qui, jusqu’en 1814, s’en firent les interprètes.

Toutes les idées étaient à la politique. La contre-révolution aidant, le parti révolutionnaire forcé momentanément de se mettre sur la défensive et de s’organiser pour la guerre, la nation fut de nouveau livrée aux gens d’épée et aux légistes. On eût dit que noblesse, clergé, monarchie, n’avaient disparu que pour faire place à des gouvernants d’une autre race, constitutionnels anglomanes, républicains classiques, démocrates policiers, infatués des Romains, des Spartiates, surtout et beaucoup de leurs propres personnes, au demeurant fort peu soucieux des véritables besoins du Pays, qui, n’y comprenant plus rien, les laissa s’entretuer à leur aise, et finit par s’attacher à la fortune d’un soldat.

Pour exprimer en deux mots toute ma pensée, quelque peu édifiante qu’elle paraisse, les révolutionnaires faillirent à leur propre mission, dès la prise de la Bastille comme ils y ont failli le lendemain de février, et par les mêmes causes : l’absence de notions économiques, le préjugé gouvernemental, la méfiance où ils se tenaient du prolétariat. En 93, les nécessités de la résistance à l’invasion exigeant une énorme concentration de forces, la déviation fut consommée. Le principe de centralisation, largement appliqué par le Co-