tellement distrait de ses véritables intérêts, les esprits si fort déroutés par les agitations de la tribune, de la place publique et de la presse, qu’on est presque sûr, en quittant la politique pour l’économie, d’être aussitôt abandonné de ses lecteurs, et de n’avoir plus pour confident de ses idées que son papier. Il faut pourtant nous convaincre qu’en dehors de la sphère aussi stérile qu’absorbante du parlementarisme, il en est une autre, incomparablement plus vaste, où se jouent nos destinées ; qu’au-dessus de ces fantômes politiques, dont les figures captivent notre imagination, il y a les phénomènes de l’économie sociale, qui, par leur harmonie ou leur discordance, produisent tout le bien et le mal des sociétés. Que le lecteur daigne donc me suivre seulement un quart d’heure dans les considérations très-générales où je suis forcé d’entrer : cela fait, je promets de le ramener à la politique.
J’appelle forces économiques certains principes d’action, tels que la Division du travail, la Concurrence, la Force collective, l’Échange, le Crédit, la Propriété, etc., qui sont au Travail et à la Richesse, ce que la distinction des classes, le système représentatif, l’hérédité monarchique, la centralisation administrative, la hiérarchie judiciaire, etc., sont à l’État.
Si ces forces sont tenues en équilibre, soumises aux lois qui leur sont propres, et qui ne dépendent en aucune façon de l’arbitraire de l’homme, le Travail peut être dit organisé, et le bien-être de tous garanti. Si au contraire elles sont laissées sans direction et sans contre-poids, le Travail est en pleine anarchie : les