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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/77

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fiscale. Mais ce serait du gouvernement à rebours ; la proposition fut huée, et finalement délaissée par ses propres fauteurs.

Le système d’impôt actuellement suivi est juste le contraire de celui-là. Il est conçu de manière que le producteur paye tout, le capitaliste rien. En effet, alors même que ce dernier est inscrit pour une somme quelconque au livre du percepteur, ou qu’il rembourse les droits établis par le fisc sur les objets de consommation, il est clair que son revenu se composant exclusivement de la prélibation de ses capitaux, non de l’échange de ses produits, ce revenu demeure franc d’impôt, puisque celui-là seul qui produit paye.

Cela devait être, et le Gouvernement est ici parfaitement d’accord avec la Société. L’inégalité des conditions qui résulte de l’anarchie économique étant prise pour une indication, une loi de la Providence, le Gouvernement ne peut mieux faire que de suivre et de seconder la Providence : c’est pour cela que non content de défendre le privilége, il lui vient encore en aide en ne lui demandant rien du tout. Donnez-lui le temps, et du privilége le Gouvernement fera, sous les noms de Noblesse, Bourgeoisie, ou tout autre, une Institution.

Il y a donc pacte entre le Capital et le Pouvoir pour faire contribuer exclusivement le travailleur ; et le secret de ce pacte consiste simplement, comme je l’ai dit, au lieu d’établir la taxe sur les capitaux, à la mettre sur les produits. À l’aide de ce déguisement, le capitaliste-propriétaire a l’air de payer pour ses terres, pour sa maison, pour son mobilier, pour ses mutations, pour ses voyages, pour sa consommation, etc., comme le reste des citoyens. Aussi dit-il