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CHAPITRE PREMIER


DÉSACCORD ENTRE LE TÉMOIGNAGE DU GENRE HUMAIN ET LA DOCTRINE DES JURISCONSULTES, SUR LE FAIT ET LE DROIT DE LA GUERRE.


Une des misères de l’humanité est que la plupart du temps ses instituteurs ne la comprennent pas, et, parce qu’elle ne marche pas à leur guise, la dénigrent.

Trois propositions fondamentales régissent, en matière de guerre et de droit international, la pratique des nations :

1. Il existe un droit de la guerre ;

2. La guerre elle-même est un jugement ;

3. Ce jugement est rendu au nom et en vertu de la force.

Vrai ou faux, voilà ce que croit, d’une façon plus ou moins explicite, le commun des mortels ; ce que l’école doit ou réfuter ou justifier : faute de quoi la civilisation demeure viciée, tout au moins suspecte, et la science du droit chancelle sur sa base.

Comparons d’abord entre elles la croyance générale et l’opinion de l’école sur la première de ces propositions : Il existe un droit de la guerre.