selon moi, à la patrie qu’il s’agit de défendre, qu’aux conditions mêmes de la guerre, laquelle, comme le pensaient les vieux Romains, répugne à toute ruse, industrie et stratagème, comme à un sacrilége, comme à une sophistication du combat, à une corruption de la justice, et n’admet que des moyens de vive force.
Et c’est encore pour cela qu’aux époques révolutionnaires, alors que les sentiments civiques, religieux et moraux se sont refroidis, la guerre, qui par un mystérieux pacte continue d’unir ensemble la force et le droit, la guerre tient lieu de principe à ceux qui n’en ont plus ; c’est pour cela qu’une nation, si corrompue qu’on voudra, ne périra point, ne décherra même pas, tant qu’elle conservera dans son cœur cette flamme justicière et régénératrice du droit de la guerre. Car la guerre, que la bancocratie et la boutique affectent de prendre pour de la piraterie, est la même chose que le droit et la force indissolublement unis. Otez à une nation qui a enterré toutes ses croyances cette synonymie, elle est perdue.
Ces faits, ou plutôt ces opinions, je ne les donne, quant à présent, que pour ce qu’elles valent, c’est-à-dire, comme des témoignages dont le sens est que, sur la nature et la moralité de la guerre, sur la virtualité juridique de la force, le sentiment du genre humain est diamétralement opposé à celui des gens de loi. Bientôt nous aurons à rechercher de quel côté est la vérité ; bornons-nous, pour le moment, à constater le résultat auquel nous sommes parvenus :
La guerre, selon le témoignage universel, est un jugement de la force. Droit de la guerre et droit de la force sont ainsi un seul et même droit. Et ce droit n’est pas une vaine fiction du législateur ; c’est, selon la multitude qui l’affirme, un droit réel, positif, primitif, historique, capable par conséquent de servir de principe, de motif et de base