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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/213

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ration, un État, réclame une chose comme lui appartenant en raison de la supériorité de sa force ; tandis que le droit de la guerre a pour but de régler la manière dont il sera procédé, en cas de refus du défendeur, à la démonstration des forces, laquelle servira en même temps de jugement.

Le droit des gens diffère à son tour du droit de la guerre, en ce qu’il a pour but, non de régler les formes de la guerre et ce qui s’y rattache, parlementaires, armistices, traités de paix, ambassades, etc. ; mais de déterminer les cas de guerre et d’en assigner les résultats, en formulant par avance les conclusions de la victoire sur toutes les questions que peut soulever l’opposition des puissances et éventuellement leur conflit. En deux mots, comme la guerre surgit de la négation du droit de la force et a pour but d’en assurer l’exercice, l’objet du droit des gens est soit d’éviter la guerre, soit de la réduire au strict nécessaire, soit enfin d’en déterminer les effets, en déterminant théoriquement, d’après le droit de la force, les obligations des peuples les uns envers les autres et les conséquences de leurs luttes.

Toutes les questions dont traite le droit des gens sont des questions de prépotence, susceptibles d’être vidées par le combat, qui ne reconnaissent même d’autre tribunal, d’autre arbitrage que celui de la force, des questions par conséquent dont la solution peut être toujours préjugée d’avance, d’après le calcul des forces, et sauf les modifications qu’y apportera la bataille, si les parties intéressées jugent à propos d’en venir aux mains. On conçoit de quelle importance serait, pour la transaction des litiges internationaux, l’abréviation des guerres et la consolidation des traités de paix, un répertoire de solutions pareilles. Si le droit des gens, sur lequel on a publié tant de volumes inutiles, était aussi avancé qu’il plait à la vanité des auteurs de le dire, aucune des guerres qui ont désolé le