Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/27

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Sur une estrade entourée de guirlandes de verdure et surmontée d’un arc de triomphe, étaient placés les magistrats ; l’orchestre à gauche, les élèves à droite. Des écussons présentaient à tous les yeux les noms des vainqueurs ; une pile de couronnes reposait sur un trépied de marbre ; au devant de l’estrade, on avait placé un autel, où brûlaient des parfums. Le maître avait dirigé les études avec tant d’habileté, variant les exercices et faisant valoir les différentes aptitudes des sujets, que ces aimables jeunes gens avaient pu tous, sans exception, obtenir chacun au moins une récompense. Les parents, les enfants, tout le monde était heureux.

Hercule seul n’avait point de prix. Pour toutes ses prouesses, pour tant de services gratuits, le maître ne lui avait pas même accordé une mention honorable. Il arrive avec son arc, semblable à une baliste, sa massue posée sur sa main, la peau de Némée couvrant ses larges épaules, sa biche aux pieds d’airain, qui le suivait comme un jeune chien. Un esclave portait la hure du sanglier d’Arcadie, qu’il avait tué et dont les défenses étaient longues de deux palmes. Un autre agitait la chevelure du géant qu’il avait scalpé ; quatre traînaient la peau du boa, sept fois grande comme Hercule.

Dès qu’il parut, le peuple se mit à crier : Bravo ! » Hercule. Salut au fils de Jupiter !… « Personne ne voulait croire que le noble Amphitryon, l’un des plus braves et des plus robustes chevaliers de la Grèce, eût été capable d’engendrer un pareil fils. Les jeunes filles lui jetaient des bouquets, dans lesquels se trouvait plus d’une galante devise, que le dompteur de monstres ne pouvait lire.

Il était là, avec sa taille héroïque, sa puissante membrure, sa chevelure frisée comme celle du taureau de Marathon ; autour du front, une bandelette en signe de fête.

« Pourquoi, demanda-t-il au maître, ne m’as-tu pas