assez forts pour détruire les armées impériales, les conquérants ne le sont plus assez pour s’assimiler les populations conquises, qui les absorbent eux-mêmes. Telle fut la destinée des Ostrogoths, des Visigoths, des Francs, des Lombards, etc., engloutis tour à tour par les indigènes. Ainsi le voulait la loi de la force.
Le même principe préside à la formation des nouveaux États. La raison des forces, les conditions de leur équilibre, décident de l’importance des royaumes, des républiques, des principautés, des villes même. Tout ce que la politique des princes entreprend en conformité des lois de la force, du droit du plus fort, leur réussit ; chaque fois au contraire que les États en guerre, enivrés par le succès, veulent dépasser la limite que leur assignait la raison des choses, malgré le prestige des victoires ils restent impuissants et n’aboutissent qu’à d’inutiles massacres.
A quoi a servi la guerre de cent ans entre la France et l’Angleterre ? Quel a été le fruit des victoires de l’Écluse, de Crécy, de Poitiers, d’Azincourt, remportées par les Anglais ? Qu’a produit la trahison des ducs de Bourgogne, se réunissant, pour achever la France, aux rois d’Angleterre ? De tant de gloire et de tant de crimes, le résultat a été néant. C’est au moment où tout semble perdu que tout est sauvé. La voix d’une jeune fille, vrai représentant du peuple, remonte les courages ; une manifestation politique, le sacre de Charles VII, donne le signal de l’expulsion définitive de l’étranger. Un roi cauteleux, point guerrier, achève l’œuvre, en démolissant la Bourgogne, après avoir fait périr son dernier prince de honte et de rage.
A quoi ont servi les campagnes d’Italie des rois de France, Charles VIII, Louis XII et François Ier ? Que nous ont rapporté les victoires de Fornoue, de Ravenne, de Marignan ? Rien qu’un proverbe : L’Italie est le tombeau des Français.