moire, ses armes, et tout ce qui lui appartient. Il n’épousera pas sa veuve ; il n’ira pas s’installer dans sa maison ; il n’assistera pas à ses funérailles. Il se peut que ce soit l’offensé qui succombe : du moins il lui restera l’honorabilité, la réputation d’un homme de cœur, qui a préféré la mort à la dérision ; il emportera en mourant, avec le regret des honnêtes gens, la satisfaction d’avoir fait naître le remords au cœur de son ennemi au moment du péril, et de lui laisser l’odieux de sa mort. Voilà ce qu’a fait pour le duel la conscience des duellistes ; ce qui ne l’empêche pas, à raison des énormes abus qui en sont inséparables, d’être poursuivi, flétri par les lois, et, dans le plus grand nombre des cas, médiocrement accueilli par l’opinion.
Or, la guerre, considérée dans sa nature et dans son objet, a sur le duel, au point de vue de la moralité, tous les avantages. Elle exclut, de la part des belligérants, toute idée d’injure et de haine, à telle enseigne que si, entre deux puissances belligérantes, l’une avait offensé l’autre, la première devrait, en bonne justice militaire, réparation à la seconde avant d’en venir au combat : ce qui ne saurait avoir lieu dans le duel, puisque, si réparation était faite, le duel deviendrait impossible.
La guerre a un but positif, réel, soit la fusion de deux peuples et la formation d’un plus grand État ; soit la séparation de deux races, de deux populations jusque-là politiquement unies, mais que la religion ou d’autres causes ont irrévocablement divisées ; soit enfin la délimitation et l’équilibre des souverainetés. Tandis que le seul résultat possible du duel, l’unique satisfaction exigée, bien que sous-entendue, par celui qui envoie le cartel, est le sang et la mort.
Enfin la guerre loyalement conduite, aboutissant à une victoire de bon aloi, emporte justice. Elle prouve quelque chose, la force supérieure du vainqueur ; par conséquent