La guerre, de même que la religion et la justice, est, dans l’humanité, un phénomène plutôt interne qu’externe, un fait de la vie morale bien plus que de la vie physique et passionnelle. C’est pour cette raison que la guerre, toujours jugée, par le vulgaire et par les philosophes, sur les apparences, n’a jamais été comprise, si ce n’est peut-être dans les temps héroïques. Tout cependant dans notre nature la suppose, tout en implique la présence aussi bien que la notion. La guerre est divine, c’est-à-dire primordiale, essentielle à la vie, à la production même de l’homme et de la société. Elle a son foyer dans les profondeurs de la conscience, et embrasse dans son idée l’universalité des rapports humains. Par elle se révèlent et s’expriment, aux premiers jours de l’histoire, nos facultés les plus élevées : Religion, justice, poésie, beaux-arts, économie sociale, poli-