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CHAPITRE IV


LA GUERRE, RÉVÉLATION DE LA JUSTICE


La guerre est le droit divin dans son expression plastique : Dieu et mon épée.

Or, si la religion avec ses dogmes, son culte, son sacerdoce, n’est autre chose que la représentation mystique de notre nature guerrière et des phénomènes extérieurs qui y correspondent, le droit divin n’est que la figure du droit humain ; pour mieux dire, il est son introducteur, son initiateur. Nous pouvons donc ici les réunir, d’autant mieux que le droit divin, que nous nous imaginons avoir aboli, est à peu près le seul encore qui nous gouverne.

Des fanfarons de libéralisme se croient affranchis de la juridiction d’en haut parce que, depuis la révolution de 1789 qui a assuré l’impunité aux mécréants, ils se sentent l’insigne courage de rester le chapeau sur la tête devant un empereur qui passe ou un crucifix planté à la croisée de deux chemins. C’est ainsi que le monde a vu le peuple de 93, après avoir fait le 21 janvier, applaudir tour à tour au 31 mai, au 13 vendémiaire, au 18 fructidor, au 18 brumaire, et de coup d’état en coup d’état finir joyeusement, en 1804,