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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 1, 1869.djvu/85

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CHAPITRE VIII


GUERRE ET PAIX, EXPRESSIONS CORRÉLATIVES


Comment les hommes ne se feraient-ils pas la guerre quand leur pensée en est pleine ; quand leur entendement, leur imagination, leur dialectique, leur industrie, leur religion, leurs arts s’y rapportent ; quand tout en eux et autour d’eux est opposition, contradiction, antagonisme ?

Mais, voici qu’en face de la Guerre se pose une divinité non moins mystérieuse, non moins vénérée des mortels, la Paix.

L’idée d’une paix universelle, perpétuelle, est aussi vieille dans la conscience des nations, aussi catégorique que celle de la guerre. De cette conception naquit d’abord la fable d’Astrée, la vierge céleste, retournée au ciel à la fin du règne de Saturne, mais qui doit un jour revenir. Alors régnera une paix sans fin, sereine et pure, comme la lumière qui éclaire les champs Élysées. C’est l’époque fatidique, vers laquelle nous portent nos aspirations, et où nous conduit, selon quelques vaticinateurs du progrès, la pente des événements. A mesure que le temps s’écoule, que la guerre sévit plus furieuse et que redouble l’horreur