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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/159

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adressée au roi de Moab, même refus. Israël s’arrêta donc à Cadès ; puis, longeant la frontière d’Edom et celle de Moab, du côté de l’Orient, il vint camper sur l’Arnon, mais ne franchit pas la frontière qui lui était interdite. Alors Israël s’adresse à Sehon, roi des Amorrhéens : Laisse-moi passer par ton territoire et arriver au Jourdain. Non, dit Sehon, et rassemblant ses guerriers, il vint combattre contre Israël à Jasa. Mais là Jéhovah le livra avec toute son armée à Israël ; il fut vaincu et son pays livré à Israël, depuis l’Arnon jusqu’à Jaboc, et depuis le désert jusqu’au Jourdain. C’est donc Jéhovah notre Dieu qui a défait l’Amorrhéen et donné à son peuple la victoire. Et maintenant tu réclames le territoire conquis ? Est-ce que la terre de Chamos ton dieu n’est pas ta propriété légitime ? Tout de même ce que Jéhovah notre Dieu nous a fait acquérir par le droit de la guerre, nous le conserverons, à moins que tu ne sois plus fort, toi, que Balac, fils de Séphor, roi de Moab, et que tu ne puisses nous reprendre par la guerre ce dont il n’a pu nous dessaisir par une lutte de trois cents ans ? Pourquoi n’as-tu pas fait de réclamations pendant tout ce temps-là ? Donc je ne te dois rien ; c’est toi qui agis de mauvaise foi en me faisant une guerre injuste. Que Jéhovah soit juge aujourd’hui entre Israël et les Beni-Ammon ! »


Ce qui s’ensuivit, on le devine. Les Ammonites essuyèrent une grande défaite ; la souveraineté d’Israël sur le terrain en litige fut confirmée par le même principe qui l’avait fondée, la guerre ; et Jephté, devenu prince par la victoire, jugea Israël pendant six ans.

Telle est la législation primitive. Le droit de la force dans son acception à la fois la plus élevée et la plus abusive, mais avec une sincérité de religion, une sécurité de