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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/268

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moins une, Cadix, occupées ; toutes les forteresses prises. Mais les Espagnols se soulèvent en masse ; ils trouvent dans les Anglais des alliés puissants ; une suite d’échecs épuise, décime les légions impériales, et plus que tout la guerre de guérillas, dans laquelle quatre ou cinq cent mille Français périrent assassinés les uns après les autres, dans tous les carrefours, défilés et cabarets de l’Espagne. Ils ne moururent pas sans vengeance : un million d’Espagnols de tout âge et de tout sexe furent égorgés en représailles.

Voilà la guerre : la politique la voudrait d’une façon ; le soupçon, hélas ! trop fondé, de cupidité et de mauvaise foi la fait autre. A quoi sert-il que l’une des parties notifie sa demande, l’appuie des considérations les plus fortes, propose le duel, la guerre dans les formes, si l’autre décline le cas de guerre, se refuse au combat, affirmant son indépendance, et de plus accusant l’ennemi de ne poursuivre d’autre but que sa dépouille ? Il n’y a politique, révolution ou civilisation qui tienne. Une nation forcée à la guerre, attaquée dans ses foyers, menacée dans son indépendance, fera toujours la guerre à la façon des Espagnols, et d’après le système si pittoresquement décrit par Paul-Louis Courier. Les puissances auraient beau décider dans vingt congrès qu’à l’avenir elles s’abstiendront, à la guerre, de toute pratique illicite : à la première occasion ce bel engagement serait oublié. On exciperait de la mauvaise intention, de l’ambition secrète, de la mauvaise foi, et, après maintes inculpations et récriminations réciproques, on en reviendrait aux vieilles coutumes. — A celui qui protesterait de la pureté de ses motifs et de la nécessité à laquelle il obéit, on ferait cette question ironique : Faites-vous la guerre pour la gloire ?…


Guerre du Péloponèse. — Faisons un retour en arrière.