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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/302

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nous avons vu tout à l’heure la guerre s’éloigner de plus en plus du droit exclusif de la force, et réduire, par la reconnaissance de nouveaux droits, son propre empire ; de même ici nous la voyons se resserrer encore davantage, en conduisant la civilisation du régime des castes à celui de la liberté et de l’égalité économique ?

Quelle est, pour l’Europe du dix-neuvième siècle, la question dominante ? Ce n’est plus la religion et la tolérance, l’unité de l’Église et son alliance avec l’Empire ; ce n’est pas davantage la monarchie, l’aristocratie ou la démocratie ; ce n’est ni la centralisation, ni la décentralisation politique, ni l’équilibre européen, ni le principe de nationalité ou des frontières naturelles. Toutes ces questions ont leur part, mais, comme secondaires ou accessoires, dans le débat. Parmi les institutions en litige, il en est qui sont à la veille de disparaître pour ne plus revenir, comme le pouvoir temporel des papes ; d’autres qui semblent prendre un nouvel essor, bien qu’on eût quelque raison de penser, il y a quelques années, qu’elles touchassent à leur fin : telles sont les deux questions de monarchie constitutionnelle et de gouvernement unitaire. Le suffrage universel lui-même, ce suffrage que tout le monde respecte, mais auquel personne n’ajoute foi, déjà commence à s’user. La grande question, la grosse affaire, celle qui prime toutes les autres, et dont on affecte pourtant de ne dire mot, c’est la question économique. C’est par elle que règne Napoléon III, soit qu’il refoule la plèbe impatiente, ou qu’il se dérobe à la logique rétrograde de la conservation bourgeoise et cléricale.

Point de vue du Droit international, — Comment nier encore que la guerre n’ait, à peu de chose près, terminé son œuvre ? C’est la guerre qui nous a conduits à ce système international que toutes les attaques ne font que consolider de plus en plus, et que l’on a coutume de dési-