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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/330

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laissait à désirer, non-seulement pour la France contre qui d’injurieuses mesures de précaution avaient été prises, mais pour les nations du continent, dont plusieurs étaient froissées par le partage, et qui la plupart n’arrivèrent que lentement à la possession des droits et des libertés qui leur avaient été promis[1].

C’est à ce double point de vue du principe et de l’application que nous avons à examiner si les traités de 1815 peuvent et doivent être déchirés, comme le crie le jacobinisme ; ou s’il ne convient pas plutôt d’en demander la rectification quant à certains détails, ce qui veut dire la consolidation.

La démocratie rejette-t-elle le principe d’équilibre, ou des contre-forces, démontré par Ancillon quinze ans avant que le congrès de Vienne en eût fait la base du droit public de l’Europe ? Qu’on plaisante, si l’on veut, de cet équilibre, qu’il ne faut pas confondre avec l’immobilisme : ce qui est sûr, c’est qu’aucune puissance n’oserait s’inscrire en faux contre lui. Ce serait donner à entendre qu’elle aspire à la conquête du continent : elle ne l’oserait pas.

La démocratie rejette-t-elle le principe du gouvernement représentatif, création principale de 89 ? Ce serait renier la révolution. Malgré son adoration de l’autorité et du pouvoir fort, elle n’en est pas là.

Donc la démocratie affirme la pensée des traités : elle ne veut pas qu’on les déchire ; elle demande, au contraire, qu’on les respecte. Les traités de 1815 existent de même que ceux de 1648 ; leur pensée est entrée dans la conscience des peuples ; ils sont acquis à l’histoire et à la ci-

  1. Voir, pour le développement de cette question, De la Justice dans la Révolution et dans l’Église, par P.-J. Proudhon, quatrième livraison de l’édition belge.