Page:Proudhon - La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes.djvu/108

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représenter l’amour sans faire l’amour, et qu’ils n’admettaient pas sur la scène ce passage de la fiction à la réalité; puis ils eussent regardé le métier d’actrice, ou tout autre analogue, comme une publicité ou publication officielle de la femme, chose à laquelle l’honnêteté municipale répugnait. Nous avons changé cela : possible que le théâtre y ait gagné; mais les mœurs? Qu’on y réfléchisse : tout honnête père de famille qui fréquente le théâtre est plus ou moins fauteur de prostitution s’il y conduit sa femme ou sa fille..... Je ne pousse pas l’induction plus loin. Il est de fait que la grande majorité des femmes de théâtre cultive l’amour libre; quant à celles qui se contentent de leurs maris, et on assure qu’il y en a, il faudrait voir si, dans l’intérieur de leurs ménages, elles ne prétendent pas, en tout et pour tout, compter autant que leurs camarades. Ou la subordination des femmes, garantie par la réserve de leur vie, ou l’avilissement des hommes : il faut choisir. Je sais bien que la nature, qui partout crée des ambigus, comme disait Fourier, semble avoir prédestiné certains mâles à servir de chaperons à leurs moitiés. À la bonne heure! À femme émancipée, mari benêt. Paix et tolérance à ces braves sacrifiés. Mais qu’on n’en