Page:Proudhon - La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes.djvu/239

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Puis, tout à coup, quand les enfants sont venus, qu’ils grandissent, la femme est prise d’une mélancolie particulière à son sexe et qui est la plus grande crise de son existence morale. Elle réfléchit sur sa vie, sur la condition faite à la femme dans la famille et dans la société, et elle se dit qu’elle est une créature sacrifiée, dont la destinée est subalterne, et qui n’a ni valeur ni existence par elle-même, ni pour elle-même. Son orgueil se révolte, elle tourne à l’aigre et tombe dans la misanthropie, l’hypocondrie ; elle a des délaissements, des ennuis de cœur sans motifs, des larmes sans peine. Elle affecte l’égalité, elle plaisante sur son maître. Si son mari sort, elle prend la même licence, etc. ; il faut réprimer cela ; ne souffrir aucune insurgence.

Quelle est sa signification sur la terre ? Je suppose que son sort ait été le plus heureux, à faire envie à toutes ; que la nature et l’éducation l’aient douée et comblée ; que, née sans fortune, elle ait Hé distinguée, aimée par un homme de bien, loyal, généreux, selon son cœur à elle, et qui l’aura épousée. Je suppose qu’elle ait joui de toutes les fêtes de l’amour, de toutes les voluptés de la fortune, de toutes les distinctions sociales, de tous les respects domestiques, de toutes les