Page:Proudhon - La Pornocratie, ou les Femmes dans les temps modernes.djvu/241

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pas plus superbe, plus fort, plus estimé, plus maître de lui-même, et des siens, et des autres, à mesure que son visage se ride, que sa jambe fléchit, que son corps se courbe, et que sa tête se couronne ? La gloire de l’homme grandit jusqu’à la mort ; celle de la femme décline depuis le jour du mariage. Je suis pourtant, à n’en pouvoir douter, du nombre des heureuses ! qu’est-ce des autres ? Dérision !… Ah ! je donnerais toute ma vie pour un jour de liberté, d’indépendance, de vie personnelle ; car enfin, nous ne sommes pas des personnes. La personnalité de la femme ne se reproduit pas hors de la famille, elle reste dans l’indivision.

Cette maladie mentale affecte surtout les femmes des classes aisées ; celles qui ont du loisir, de l’éducation : les heureuses, les enviées de la terre. Elle est beaucoup plus rare, à peine on en trouve çà et là quelques traces chez les gens du peuple, chez la paysanne et la femme de l’ouvrier, là où l’activité de la vie, la nécessité poignante ne laissent pas de place aux méditations. La vie de l’homme est un combat, surtout pour l’homme du peuple ; la femme est son hétaïre, la compagnonne, la cantinière. Il s’agit bien, entre eux, de disputer de la prépondérance et de