Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/111

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le télescope de l’histoire , que comme un astre éteint, sans diamètre apparent et sans parallaxe. ..

— Eh quoi ! m’écriai-je presque épouvanté, vous, prêtre du Christ, c’est ainsi que vous interprétez les promesses ! L’humanité perdrait sans retour sa religion, et vivrait séparée de son Dieu ! Vous n’admettez pas même la possibilité d’une conversion ! Mais que pensez-vous donc de cette recrudescence des idées religieuses, qui s’est manifestée si hautement depuis l’installation de la République, de cette réprobation violente qui éclate par toute l’Europe contre les athées ?

Il me répondit, avec un sentiment de foi profonde mêlé d’ironie :

Le Christ nous a dit : Pensez-vous que lorsque viendra le Fils de l'homme il trouve encore de la foi sur terre ?... Je crois que le Verbe éclaire tour à tour, en chaque sphère des cieux, toute humanité ; je crois ainsi que la religion, dans l’infini des mondes, ne meurt jamais. C’est là que nous devons chercher la perpétuité et l’universalité de l’Eglise ; comme elle posséda notre terre, elle possède, en leur temps, tous les globes des cieux, conformément à ce qui est dit de l’éternité du Verbe, et de son universelle illumination. Mais je crois aussi que la capacité ou faculté de recevoir la foi dans toute âme vivante est bornée ; que si la grâce est gratuite, elle a pourtant sa mesure ; et qu’en toute sphère, comme il y a une heure pour la révélation, il y en a une aussi pour l’apostasie et le jugement...

Une vous dirai-je maintenant ? Ce qui fait croire à une réapparition du christianisme dans les âmes et au triomphe prochain de l’Église est le frémis-