Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/128

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OSER, mais en osant, se compromettre par la personnalité, trop apparente, de sa politique. Le Gouvernement provisoire, avec ses bulletins, avait fait de la nullité ; le 2 décembre, avec sa terreur, fait de la bascule. Toutes choses compensées, l’un n’avance guère plus que l’autre ; les mêmes difficultés, accompagnées des mêmes oppositions, subsistent. Le Gouvernement provisoire, ignorant la révolution, la laissait tomber ; le 2 décembre veut lui faire sa part, la soumet à ses vues, et de fait l’escamote. Le Gouvernement provisoire s’en est allé ; le 2 décembre ne se soutient déjà plus que par la force. Mais la force qui ne sait que contraindre au lieu de créer engendre la haine, et la haine est le salpêtre qui fait sauter les gouvernements. Puisse ne pas l'éprouver, à ses dépens et à nos frais , Louis-Napoléon !...


1. Opinion du 2 décembre sur sa propre situation.


La proclamation de Louis Bonaparte se référait, ainsi qu’on l’a vu, aux principes de 89. Elle accusait les vieux partis, se prononçait contre la royauté, réclamait les améliorations tant promises, faisait appel, enfin, aux sentiments révolutionnaires. Ce langage a-t-il été soutenu ? Oui et non, tour à tour, suivant que la politique du moment jugeait à propos d’avancer ou de reculer.

D’abord, la dissolution d’une assemblée aux trois quarts royaliste, et l’arrestation des principaux chefs des partis dynastiques, semblaient témoigner d’un parfait accord entre les vues de l’Elysée et la donnée révolutionnaire. Mais huit jours ne s’étaient pas