Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

butin, la proscription des démocrates. Qui a gagné, qui a perdu, dans cette campagne de contre-révolution ? il est aisé d’en faire le compte.

A présent que la République paraît écrasée, que la population est épurée, le pays placé sous un pouvoir tellement fort, que les vieilles monarchies peuvent déjà se représenter, dans la perspective, avec un vernis de libéralisme (voir les discours de MM. de Kerdrel et Montalembert au Corps législatif), les partisans des dynasties se séparent de Louis-Napoléon. Deux actes leur ont suffi pour opérer ce mouvement, et replacer l’Elysée dans une position critique : l’un est la lettre du comte de Chambord, qui interdit aux royalistes le serment ; l’autre, l’opposition formée par les princes d’Orléans aux décrets du 22 janvier 1852. Liberté-Propriété, voilà la devise des royalistes, non plus contre la démocratie, mais contre Louis-Napoléon. Quant au coup d’état, bien qu’ils en acceptent les fruits, ils s’en déclarent innocents. Ils ne l’ont point conseillé, loin de là ils l’ont combattu. MM. Berryer, Vitet, Vatimesnil, etc., n’ont-ils pas signé la déclaration de déchéance de Louis-Bonaparte et sa mise hors la loi ? MM. Thiers, Duvergier de Haurane, Baze, Changarnier, ne sont-ils pas proscrits ? Sans doute, disent-ils, en foudroyant la démocratie et le socialisme, Louis-Napoléon a rendu à la société un service immense ; mais en usurpant un pouvoir qui devait être décerné librement, en imposant de son chef une constitution qui n'a été ni discutée ni acceptée, qui est nulle de plein droit, dont l’application est un outrage quotidien aux libertés et aux traditions du pays, Louis-Napoléon