Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/150

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la liste civile et les acquisitions d’immeubles du Président de la République ; les tendances communistes et féodales de la multitude, tant d’autres faits qu’il serait trop long de recueillir, ont ouvert la voie. En dix ans, il serait possible de mener si loin cette révolution, de la rendre si profonde, de lui créer tant et de si puissants intérêts, qu’elle pourrait défier toutes les rages démocratiques et bourgeoises. Le peuple est si pauvre en ce moment, la classe moyenne dans une situation si précaire, le préjugé hiérarchique si puissant, que ce système, habilement soutenu, pourrait être considéré, relativement, comme un bienfait. Serait-il de longue durée ? la question est autre. Mais durât-il moins encore que l’empire, la restauration ou la monarchie de juillet, ce serait toujours assez pour l’honneur de l’entreprise, toujours trop pour celui de la nation.

Certes, en déduisant ces conséquences du décret du 22 janvier, je ne calomnie pas Louis-Napoléon. Il ne les a sûrement ni voulues ni prévues, et je suis convaincu qu’il les repousserait énergiquement. Mais la vie de l’homme est fragile, tandis que les principes, une fois introduits dans l’histoire par les faits et la logique, sont inexorables. Tel est le malheur du gouvernement personnel, qu’en suivant même ses inspirations les plus vertueuses, presque jamais il ne produit le bien qu’il cherche, et que souvent il accomplit le mal qu’il ne veut pas...

Les décrets financiers offrent-ils des dispositions plus sages ?

Je mentirais à toute ma vie, à mes convictions