Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/158

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connu, c’était la fin des guerres civiles, le triomphe de la plèbe sur le patriciat, la restauration sous une autre forme de l’antique autorité des rois. La constitution du 15 janvier, sauf quelques restrictions de peu d’importance, organise une dictature quasi-héréditaire, puisque le Président de la république a le droit de désigner par acte secret son successeur : dans quel but cette dictature ? un l’ignore. Je prétends, avec l’histoire, que c’est pour la révolution ; l’Univers, les tables de proscription à la main, soutient que c’est pour la contre-révolution. Combien d’années, de siècles, durera cette dictature ? la constitution du 15 janvier ne s’explique pas davantage.

J’ai donné trop de preuves de mon indifférentisme constitutionnel pour que j’attribue à l’acte du 15 janvier plus d’importance qu’il ne mérite, et que je m’en fasse un texte d’attaques contre le gouvernement du 2 décembre. Je sais, aussi bien qu’un autre, qu’un gouvernement ne vit point de la constitution qui le définit pas plus qu’un fabricant ne subsiste de sa patente : un gouvernement vit de ses actes, comme un fabricant vit de ses produits. La valeur des actes fait la valeur du gouvernement. Cependant j’ai le droit de chercher s’il y a ou non accord entre le pouvoir établi et l’idée qu’il sert, puisque c’est cet accord, plus ou moins observé, qui témoigne de l’intelligence que le pouvoir a de sa raison. On me dit que la constitution du 15 janvier est calquée sur celle de l’an 8 ! Mais, avec la permission de l’auteur, je réponds que l’an 8 n’a rien à faire ici, pas plus que l'an 40 : il s’agit de la révolution ou de la contre-révolution sociale.