Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/165

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L’histoire démontre cependant que les sociétés ne marchent et les gouvernements ne durent qu’autant qu’il y a unité, accord parfait d’intérêts et de vues, entre le prince et la nation. Sous les premiers capétiens, Louis le Gros, Philippe Auguste, Louis IX, Philippe le Bel, tout le monde veut la commune, la séparation de l’Eglise et de l’état, la prépondérance de la couronne. Le peuple et le roi s’entendent ; le paysan et le bourgeois crient l’un et l’autre : A bas le dominicain c À bas le franciscain ! À bas le templier !...

Sous Charles V, Charles VI, Charles VII, il n’y a qu’une pensée, chasser l’Anglais. Que seraient devenus les Valois sans la Pucelle, sans cette union intime du prince avec le peuple ?

Louis XIV veut régner seul. A part les adjonctions de la Franche-Comté, de l’Alsace et de la Flandre, commandées par une saine politique, ses entreprises n’ont plus de raison que le bon plaisir de l’homme. Il rompt, par la succession d’Espagne, l’équilibre européen ; il retire la parole donnée aux protestants par son aïeul Henri IV ; il épuise la France, opprime la raison et la conscience, et arrive enfin au traité d’Utrecht, plus honteux, plus funeste à la France que ceux de 1815. Le peuple, après sa mort, insulte à son cadavre, et c’est de lui que date la haine traditionnelle pour les Bourbons, à laquelle furent dévoués tour à tour Louis XVI, Louis XVII, Charles X et Henri V.

Mais s’il est un exemple qui doive frapper le pouvoir actuel, c’est celui de Napoléon...