Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/229

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la philosophie française, sous un régime de paix, et de liberté pourtant bien modeste.

Quel enseignement tire de tous ces faits Napoléon ?

Dans le congrès de Vienne, il voit des intrigues diplomatiques, des remaniements injustes ; dans le gouvernement des Bourbons, il saisit des ridicules et des maladresses. En toute chose son esprit s’arrête à la superficie, ne juge, n’apprécie que le mal. Et c’est sur ces données qu’il bâtit aussitôt le plan de son retour !

Napoléon s’imagine qu’un rôle historique peut se recommencer ; il se flatte, dans un nouvel essai, de réussir mieux que la première fois. L’exemple même des Bourbons lui vient en argument de son erreur ; il ne se doute seulement pas que dans cette prétendue restauration, il n’y a de restauré qu’une demi-douzaine d’individus ; que le principe qu’ils défendaient jadis a été par eux abjuré, et que leur métamorphose, au moins apparente, a été la condition sine quâ non de leur rentrée. Dans cette Charte tant dédaignée, il n’aperçoit pas la révolution, qui bientôt remise en marche par la pratique constutionnelle, forcera ses mandataires à la suivre ou les expulsera de nouveau. — Un trône pour une Charte ! se dit Napoléon. Je leur donnerai aussi une Charte, à laquelle je prêterai serment !... Comme en 1799, simple homme de guerre, après avoir vu défiler tant de gouvernements et de ministères, il s’était cru naïvement aussi capable, et plus capable que tant d’autres de tenir le timon de l'État ; il ne douta pas davantage, en 1815, qu’il ne fût apte, autant et plus que les Bourbons, à faire