Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/231

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de la France, est légitime dans la marche de la révolution et la destinée de l’Empereur.

Au reste, Napoléon, superstitieux, fataliste, croyant à son étoile, disant de lui-même, Je suis l’enfant des circonstances, et se trompant seulement sur la signification de son rôle et les articles de son mandat, était encore plus près de la vérité que ses contemporains. Il se sentait poussé, et il s’inquiétait, ne sachant où il allait ! Qui donc alors eut su le lui dire ? Personne, de son temps, n’eut cette intelligence de l’histoire, qui assure la raison contre les succès momentanés d’une fausse politique. Jusqu’à l’arrivée du 29e bulletin (18 décembre 1812), la France fut dans l’éblouissement. À l’étranger même, on eut de la peine à en revenir. Un moment, après le bombardement de Copenhague, l’Angleterre est abandonnée. Alexandre est ami, François donne sa fille. Déjà Fox avait négocié pour la paix. Pitt lui-même avait agi par haine, plus que par une juste appréciation des choses. Le reste allait comme moutons. Partout, le fil des traditions était rompu, la conscience historique s’évanouissait sous le prestige des événements. Seul le peuple espagnol opposait son moi au moi impérial. Mais on ne croyait pas que des armées françaises fussent dévorées par des guérillas, et Wagram avait fait désespérer de la nationalité espagnole. Comme on ne regardait qu’à la superficie, on jugeait indestructible un édifice miné, dont, avec un peu plus d’attention, on aurait calculé la fin avec une précision chronologique.

Ainsi parmi ses contemporains étonnés, Napoléon reste supérieur encore, grâce au sentiment