Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/241

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pouvoir, au point ou an sont les choses, de tenir contre. Vous pouvez quelque temps vous soutenir sur l’antagonisme des partis, comme la lanterne du Panthéon sur les arcs-boutants du dôme : mais cet équilibre, qui fit toute la stabilité de Louis-Philippe, est précaire. Qu’un instant, à la première occasion, les partis cessent de se contrebuter, les classes de se menacer, et le pouvoir tombe. La suppression des libertés, les gênes de la presse, l’état de siège, les prisons d’état, l’ostracisme érigé en institution, tous ces instruments de la vieille tyrannie, n’y feront rien. Un gouvernement qui n’aura pour lui que la force et des millions de suffrages, sera obligé, comme Robespierre, de recommencer sans cesse l’épuration de la société, jusqu’à ce que lui-même il soit épuré.

L’Empereur crut arrêter la corrosion des partis par la guerre : détestable ressource, qui atteste moins le despotisme de l’homme que l’extrémité où il se voyait réduit, et sa profonde ignorance des choses révolutionnaires. Eh bien ! la guerre a prononcé en dernier ressort contre l’Empereur. Et puis, quelle guerre ferait Louis-Napoléon ? à quel propos ? contre qui ? avec quoi ?... Je pose ces questions, sans les presser : je ne voudrais rien dire qui eût l’ombre d’un défi ou d’une ironie. Passons donc sur la politique guerrière, et puisqu’il est à peu près défendu au 2 décembre, hors le cas où il prendrait fait et cause pour la révolution, de rendre au peuple cette poésie impériale ; puisqu’il est condamné à faire de la vile prose économique et sociale, disons-lui que les idées ne se combattent que par les idées ; qu’en conséquence, pour avoir raison des partis, il