Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/255

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en effet, ce sont de ces choses qu’on ne croit pas sans les avoir vues, et quand on les a vues on n’y croit pas encore.

Le peuple, qui ne sait de la guerre que les batailles, qui n’en comprend ni la raison ni la politique, peut se repaître de ces chimères, attendre que le Président, ayant battu les Anglais, les Prussiens, les Autrichiens, les Russes, et revenant chargé de trésors, décharge d’autant les rôles des contributions. Partout ailleurs qu’au cabaret, on sait que la guerre est la lutte des principes, et que toute guerre qui n’a pas pour objet de faire triompher un principe, comme furent les guerres de Louis XIV et de l’Empereur, est une guerre condamnée, et d’avance perdue.

Où donc est le principe, le grand intérêt, national et humanitaire, que peut invoquer en ce moment Louis-Napoléon, pour être en droit de déclarer, à n’importe qui, la guerre ?

L’abolition des traités de 1815 ?

Ceux qui depuis vingt ans parlent de ces traités ne savent pour la plupart de quoi il s’agit. Les traités de 1815, œuvre de la Sainte-Alliance, sont le produit des guerres impériales : à cet égard, ils prennent place dans l’histoire, à la suite du traité de Westphalie. Ils ont pour objet de former, à perpétuité, une croisade entre les puissances de L’Europe contre tout état qui, comme la France de 1804 à 1814, tendrait a sortir de ses limites naturelles ou prescrites, et a s’incorporer des portions de territoire étranger. La France, dont les empiétements successifs pendant dix années ont été l’occasion de ces traités, s’y trouve plus maltraitée que les