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à la politique, le travail de négation qui la dévore n’est pas moins visible ; je n’en veux pour preuve que la Constitution de 1848, posant elle-même, en tête de ses articles, sa propre perfectibilité, et déterminant à la fin les conditions de sa révision !…

Ainsi le progrès, en ce qui concerne les institutions les plus anciennes de l’humanité, la philosophie, la religion, l’état, est une négation continue, je ne dis pas sans compensation, mais sans reconstitution possible. Qu’on me permette de citer, de ce mouvement si peu compris, un dernier exemple, le plus important pour notre époque.

Lorsque dans la nuit du 4 août, après avoir aboli les droits féodaux, l’Assemblée Constituante prononça celle des maîtrises, jurandes, corporations, et posa le principe du libre travail, du libre échange, quelle conclusion y avait-il à déduire encore de cette démocratisation de l’industrie, de l’agriculture et du commerce, pour l’économie de la société ?

Que les institutions antérieures étant détruites, il fallait les remplacer par d’autres ; qu’à l’ancienne organisation du travail, il fallait suppléer par une organisation nouvelle ?

Beaucoup le pensèrent, et cette opinion est encore aujourd’hui la plus suivie. Malouet, constituant, qui le premier parla du droit au travail ; à la Convention, Saint-Just et Robespierre ; Babeuf, après thermidor ; M. Royer-Collard, sous la Restauration ; le socialisme tout entier depuis 1830 ; en 48 le Gouvernement provisoire, adoptèrent cette idée. Jetée dans les masses elle devait y obtenir une vogue immense ; elle reçut dans les ateliers natio-