Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/159

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avait à peine vu le jour, qu’appliquant aussitôt la méthode créatrice, je compris que, pour acquérir l’intelligence des révolutions de la société, la première chose à faire était de construire la Série entière de ses antinomies, le Système de ses contradictions.

Il me serait difficile de donner à ceux qui ne l’ont pas lu une idée de cet ouvrage. J’essayerai toutefois, en me servant du langage, aujourd’hui compris de tout le monde, du teneur de livres ; car si je parvenais, en quelques lignes, à donner une idée nette de ce que je considère comme la véritable méthode économique, il est difficile qu’elle ne forçât pas bientôt toutes les convictions.

Dans mes premiers mémoires, attaquant de front l’ordre établi, je disais, par exemple : La propriété, c’est le vol ! Il s’agissait de protester, de mettre pour ainsi dire en relief le néant de nos institutions. Je n’avais point alors à m’occuper d’autre chose. Aussi, dans le mémoire où je démontrais, par A plus B, cette étourdissante proposition, avais-je soin de protester contre toute conclusion communiste.

Dans le Système des contradictions économiques, après avoir rappelé et confirmé ma première définition, j’en ajoute une toute contraire, mais fondée sur des considérations d’un autre ordre, qui ne pouvaient ni détruire la première argumentation ni être détruites par elle : La propriété, c’est la liberté. La propriété, c’est le vol ; la propriété, c’est la liberté : ces deux propositions sont également démontrées et subsistent l’une à côté de l’autre dans le Système des Contradictions. J’opère de même, sur chacune des catégories économiques, la Division du travail, la Concurrence, l’État, le Crédit, la Communauté, etc. ; montrant tour à tour comment chacune de ces idées, et par conséquent comment les institutions qu’elles engendrent ont un côté positif et un côté négatif ; comment elles donnent lieu à une double série de résultats diamétralement opposés : et tou-