Aller au contenu

Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvez vous défendre de toucher à la propriété ; et, si vous portez la main sur la propriété, vous êtes perdus. Tous avez déjà un pied dans la banqueroute...

« ... Non, vous ne comprenez rien aux choses de la Révolution. Vous ne connaissez ni son principe, ni sa logique, ni sa justice ; vous ne parlez pas sa langue. Ce que vous prenez pour la voix du peuple n’est que le mugissement de la multitude, ignorante comme vous des pensées du peuple. Refoulez ces clameurs qui vous envahissent. Respect aux personnes, tolérance pour les opinions ; mais dédain pour les sectes qui rampent à vos pieds et qui ne vous conseillent qu’afin de vous mieux compromettre. Les sectes sont les vipères de la Révolution : le peuple n’est d’aucune secte. Abstenez-vous le plus que vous pourrez de réquisitions, de confiscations, surtout de législation, et soyez sobres de destitutions ! Conservez intact le dépôt de la République, et laissez la lumière se faire toute seule. Vous aurez bien mérité de la patrie. »

Je n’ai point, après les journées de juin, protesté contre l’abus que des ignorants auraient pu faire de quelques-uns de mes aphorismes, et renié mes inclinations populaires ; je n’ai pas insulté le lion expirant. Mais je n’ai pas non plus attendu aux journées de juin pour attaquer les tendances gouvernementales, et manifester mes sentiments d’intelligente conservation. J’ai toujours eu, j’aurai éternellement le pouvoir contre moi : est-ce la tactique d’un ambitieux et d’un lâche ?

Ailleurs, faisant le bilan du pouvoir, je prouvais qu’une démocratie gouvernementale n’est qu’une monarchie retournée ; je démontrais qu’elle coûterait plus cher que la monarchie, d’après ce principe d’économie élémentaire, que la condition dans laquelle le produit, eu égard à la dépense, est le plus grand possible, est celle où le producteur agit seul et sans le concours d’aucun ouvrier ou employé ;