Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/180

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ment rallié à la République, a son amour-propre à venger. M. Léon Faucher, fustigé par les verges socialistes, renégat du socialisme, a son apostasie à expier, ses haines à assouvir.

C’est devant ce tribunal que je devais comparaître et développer ma proposition. Étrange proposition, il faut en convenir, pour un comité des finances.

Le crédit, leur disais-je, au point de vue des relations privées, est tout simplement le prêt ; au point de vue des relations sociales, c’est un mutuellisme, un échange.

De cet échange, naît la circulation.

Lorsqu’en effet l’on considère la société dans son ensemble, on voit que la circulation se réduit à l’opération suivante : Un certain nombre de citoyens fait à la société, représentée par les fermiers, l’avance de la terre : ce sont les propriétaires ; — une autre catégorie de citoyens fait à la même société, représentée par les commerçants et industriels, l’avance de capitaux et de numéraire : ce sont les banquiers et capitalistes ; — une troisième fait à la société, représentée par l’État, l’avance ou dépôt de ses épargnes, ce qui constitue la dette publique : ce sont les rentiers ; — le plus grand nombre, à défaut de terres, de maisons, de capitaux ou d’épargnes, fait à la société, représentée par tous les citoyens, l’avance de ses services : ce sont tous les travailleurs.

Il est entendu que les créanciers de la société, propriétaires, capitalistes, travailleurs, sont en même temps, aussi bien que les fermiers, les commerçants et l’État, des représentants de la société.

Or, il est évident que la société qui reçoit est le même être moral que la société qui prête : d’où il suit que ce que le propriétaire nomme affermage, le banquier escompte, le capitaliste commandite, l’usurier prêt, etc., ramené à une formule générale, est échange, ou, comme disent les théologiens, mutuum, mutualité. La même opération, considérée au point de vue de l’intérêt privé et de l’intérêt so-