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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/185

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protester énergiquement, et que je renvoie à la responsabilité de MM. Garnier-Pagès, Léon Faucher, Goudchaux, Passy et autres économistes, on ne manque pas de dire que ce projet d’impôt est renouvelé de ma proposition.

Tant de mauvaise foi ou de crétinisme aurait indigné un saint. Je résolus de briser la glace, et puisque M. Thiers faisait de la pasquinade, je ferais, moi, de la fascination. Ah ! oui : au lieu de discuter sérieusement une proposition économique, vous demandez à l’auteur compte de ses croyances ; vous vous flattez de l’écraser sous ses propres aveux ; vous prétendez d’un seul coup extirper le socialisme, en le montrant à la France tel qu’il est ! Pardieu, messieurs, voici bien votre homme. Je vous ferai beau jeu : et si sous en finissez, comme vous dites, je vous tiens pour les plus grands politiques du monde.

La nature m’a refusé le don de bien dire : qu’en avais-je besoin ? Mon discours martelé n’en produisit que plus d’effet. Les rires ne furent pas de longue durée. C’était à qui manifesterait le plus haut son indignation. À Charenton ! criait l’un. — À la ménagerie ! disait l’autre. — Il y a soixante ans, vous vous appeliez Marat ! — Il fallait aller, le 26 juin, sur les barricades ! — Il est trop lâche ! — Une partie de la Montagne, honteuse, épouvantée, mais ne voulant pas condamner un coreligionnaire, prit la fuite. Louis Blanc vota, avec la majorité conservatrice, l’ordre du jour motivé. Les socialistes lui en ont fait reproche : ils ont eu tort. Son vote fut le plus consciencieux de l’Assemblée. Louis Blanc représente le socialisme gouvernemental, la révolution par le pouvoir, comme je représente le socialisme démocratique, la révolution par le peuple. Un abîme existe entre nous. Or qu’y avait-il dans mon discours, sous ces formes nouvelles de crédit gratuit et réciproque, de suppression de l’intérêt, d’augmentation continue du bien-être par la réduction progressive des salaires et du revenu, de liquidation