cratie à Rome, en Allemagne, en Hongrie, par toute l’Europe ; nous sommes bâillonnés, muselés, en fuite ou en prison. Vous avez tout ce que donne de puissance le fanatisme, le préjugé, l’égoïsme, la ruse, la force brutale. À quand la fin du socialisme ? à quand le retour du capital ? Nous étions en France, avant février, une demi-douzaine d’utopistes : à présent, il n’est conservateur qui n’ait son système. La révolution vous emporte. Voici déjà que vous êtes forcé de vous appuyer sur la Constitution, que vous faites de l’opposition au pape, que vous vous couvrez, mais en retournant le manteau, de la politique des montagnards ! Vous voteriez même, et de bon cœur, si vous croyiez en être quitte pour si peu, l’impôt sur le revenu. Ah ! vous ne voulez pas du crédit récipoque ! Osez donc, puisque vous êtes au mieux avec les puissances, renvoyer dans leurs foyers vos 500,000 bayonnettes !...
À partir du 31 juillet, la révolution de février est devenue irrévocable : la question sociale avait enfin reçu une signification positive. Sous la menace d’un bouleversement social, la monarchie a senti son impuissance, et pris les invalides ; le peuple socialisé lui échappe sans retour. En 89, la peur de brigands imaginaires qui parcouraient, disait-on, les campagnes, pour scier les blés, fit armer toute la nation, et la révolution a été faite. En 1848, la peur du socialisme, qui devait, assurait-on, prendre toutes les propriétés, a forcé tout le monde de réfléchir sur les conditions du travail et de la propriété, et la révolution a été faite. Les prétendants peuvent venir, les majorités essayer des coups d’État : on n’aura rien fait, on aura compromis de plus en plus l’ordre dans les villes et les campagnes, tant qu’on n’aura pas répondu à l’interrogation du travailleur. Car, dans le système capitaliste, système à la fois d’individualisme et de subalternisation, incompatible avec les données d’une démocratie égalitaire, il n’y a plus d’autre moyen d’en finir avec le so-