Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/204

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frage universel ; je n’aurai d’autre mérite que de les systématiser, en y mettant un peu de suite et d’ordre. Elles n’en paraîtront pas moins une révélation, une utopie de plus, même aux démocrates, dont la plupart, prenant leur main droite pour leur main gauche, n’ont jamais su tirer de la souveraineté du peuple autre chose que la dictature.


§ Ier[1].


Je distingue en toute société deux espèces de constitutions : l’une que j’appelle la constitution sociale, l’autre, qui est la constitution politique ; la première, intime à l’humanité, libérale, nécessaire, et dont le développement consiste surtout à affaiblir et écarter peu à peu la seconde, essentiellement factice, restrictive et transitoire.

La constitution sociale n’est autre chose que l’équilibre des intérêts fondé sur le libre CONTRAT et l’organisation des forces économiques, qui sont, en général : le Travail, la Division du Travail, la Force collective, la Concurrence, le Commerce, la Monnaie, les Machines, le Crédit, la Propriété, l’Égalité dans les transactions, la Réciprocité des garanties, etc.

La constitution politique a pour principe l’Autorité. Ses formes sont : la Distinction des Classes, la Séparation des Pouvoirs, la Centralisation administrative, la Hiérarchie judiciaire, la Représentation de la souveraineté par l’Élection, etc. Elle a été imaginée et s’est complétée successivement, dans l’intérêt de l’ordre, au défaut de la Constitution sociale, dont les principes et les règles n’ont pu être découverts qu’à la suite de longues expériences, et font encore aujourd’hui l’objet des controverses socialistes.

  1. Ce chapitre fort obscur dans les premières éditions, a été entièrement refondu et élucidé d’après les principes développés dans l’Idée générale de la Révolution au xixe siècle.