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Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/226

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l’entretien des autres : il s’ensuit, 1o que chacun étant juge en dernier ressort dans une matière dépourvue de certitude rationnelle et de sanction positive, l’unité ou la centralisation du culte est rendue impossible, d’autant plus impossible que la divergence des professions de foi s’étendra davantage ; 2o que l’importance des opinions religieuses sera affaiblie, et la considération des églises diminuée, par la cause même qui devait les accroître ; 3o finalement, que la fonction ecclésiastique, incompatible avec le suffrage universel et avec les lois de l’organisation sociale, sera peu à peu mise hors de service, et le personnel des cultes réduit, tôt ou tard, à zéro.

En deux mots, tandis que la séparation des industries est la condition de leur équilibre et la cause de la richesse, la liberté religieuse est la ruine de la religion, en tant que pouvoir et fonction sociale : que voulons-nous de plus ? L’Église, devant la société, n’existe pas.

La même chose doit arriver à la justice. L’élection des magistrats par le Peuple, tous les cinq ou dix ans, n’est pas la dernière conséquence du principe : il faut aller jusqu’à reconnaître qu’en chaque affaire, le plaideur ou l’accusé a droit de choisir ses juges ; que dis-je ? il faut avouer avec Platon que le vrai juge, pour tout homme, est sa propre conscience, ce qui conduit à substituer au régime des tribunaux et des lois le régime des obligations personnelles et des contrats, c’est-à-dire, à supprimer l’institution judiciaire....

Ainsi, l’hypothèse du Gouvernement absolu une fois écartée, et elle ne peut pas ne pas l’être, le principe gouvernemental, dans l’ordre de la religion et de la justice, aboutit, par le développement de ses propres lois, la séparation des facultés et leur centralisation, à la négation de lui-même : c’est une idée contradictoire.

Je passe à un autre ordre de faits, l’état militaire.