chefs militaires, les simples soldats et gardes nationaux nommant aux grades inférieurs, les officiers nommant aux supérieurs.
Ainsi organisée, l’armée conserve ses sentiments civiques ; ce n’est plus une nation dans la nation, une patrie dans la patrie, une sorte de colonie ambulante où le citoyen, naturalisé soldat, apprend à se battre contre son propre pays. C’est la nation elle-même centralisée dans sa force et sa jeunesse, indépendamment du Pouvoir, qui peut, comme tout magistrat de l’ordre judiciaire ou de la police, requérir la force publique au nom de la loi, non la commander ni en disposer. Quant au cas de guerre, l’armée ne doit obéissance qu’à la représentation nationale et aux chefs qu’elle lui désigne.
S’ensuit-il de là que je regarde l’état militaire comme une institution naturelle, inhérente à la société, à laquelle je ne trouve de défaut qu’une organisation défectueuse, compromettante pour la liberté ? Ce serait me supposer une bien médiocre intelligence de la Révolution. J’ai voulu montrer comment, en attendant qu’il plaise aux nations, seules compétentes pour juger de l’opportunité d’un désarmement général, de sortir de la paix armée, le Peuple devait organiser son état militaire, de manière à garantir tout à la fois sa défense et ses libertés. Mais qui ne voit qu’il en est de la guerre comme de la justice et du culte, et que le plus sûr moyen de l’abolir, après la conciliation des intérêts internationaux, ce serait, en organisant l’état militaire, comme je viens de l’indiquer, et comme le voulaient les principes de 93, de soustraire les moyens de guerroyer, sans le consentement de la nation, au Gouvernement ?
Je continue.
Les sociétés ont éprouvé de tout temps le besoin de protéger leur commerce et leur industrie contre l’importation étrangère : le pouvoir ou la fonction qui dans chaque pays