Tant que l’administration des douanes restera aux mains de l’autorité, le système protectionniste, que je ne juge pas d’ailleurs en lui-même, sera nécessairement défectueux ; il manquera de sincérité et de justice ; les tarifs imposés par la douane seront une extorsion, et la contrebande, suivant l’expression de l’honorable M. Blanqui, un droit et un devoir.
Outre les ministères des Cultes, de la Justice, de la Guerre, du commerce international ou de la Douane, le gouvernement en cumule encore d’autres : ce sont le ministère de l’Agriculture et du Commerce, le ministère des Travaux publics, le ministère de l’Instruction publique ; c’est enfin, par-dessus tout cela, et pour solder tout cela, le ministère des Finances ! Notre prétendue séparation des pouvoirs n’est que le cumul de tous les pouvoirs, notre centralisation qu’une absorption.
Ne vous semble-t-il donc pas que les agriculteurs, déjà tout organisés dans leurs communes et leurs comices, pourraient fort bien opérer leur centralisation et gérer leurs intérêts généraux, sans passer par les mains de l’État ?
Que les commerçants, fabricants, manufacturiers, industriels de toute espèce, ayant dans les chambres de commerce leurs cadres tout ouverts, pourraient également, sans le secours du pouvoir, sans attendre leur salut de son bon plaisir, ou leur ruine de son inexpérience, organiser par eux-mêmes, à leurs frais, une administration centrale, débattre leurs affaires en assemblée générale, correspondre avec les autres administrations, prendre toutes décisions utiles, sans attendre le visa du président de la République, et puis, confier l’exécution de leurs volontés à l’un d’entre eux, élu par ses pairs, et qui serait ministre ?
Que les travaux publics, qui tous concernent soit l’agriculture, l’industrie et le commerce, soit les départements et les communes, devraient être dès lors répartis entre les administrations locales et centrales qu’ils intéressent, et non