Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/232

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donnancées par le gouvernement : ne trouvez-vous point que la conséquence de cette initiative financière, si formellement reconnue aux citoyens par toutes nos constitutions, serait que le ministère des finances, toute cette organisation fiscale, en un mot, appartînt au pays, non au prince ; qu’elle relevât directement de ceux qui paient le budget, non de ceux qui le mangent ; qu’il y aurait infiniment moins d’abus dans la gestion du trésor public, moins de dilapidations, moins de déficits, si l’État n’avait pas plus la disposition des finances publiques que celle des cultes, de la justice, de l’armée, des douanes, des travaux publics, de l’instruction publique, etc. ?

Sans doute, en ce qui concerne l’Agriculture, le Commerce, l’Industrie, les Travaux publics, l’Enseignement, les Finances, la séparation n’aboutira pas à l’annihilation, comme nous l’avons fait voir du Culte, de la Justice, de la Guerre, et de la Douane. Sous ce rapport on pourrait croire que le développement des facultés économiques compensant, et au-delà, la suppression des pouvoirs politiques, le principe d’autorité regagnera d’un côté ce qu’il aura perdu de l’autre, et que l’idée gouvernementale, au lieu de disparaître, se fortifiera.

Mais qui ne voit que le Gouvernement, qui tout à l’heure a trouvé sa fin dans l’extinction de ses facultés, la rencontre ici dans leur absolue indépendance, autant que dans le mode de leur centralisation, dont le principe n’est plus l’autorité, mais le contrat ?

Ce qui fait la centralisation dans les États, despotiques et représentatifs, c’est l’autorité, héréditaire ou élective, qui du Roi, Président ou Directoire descend sur le Pays et absorbe ses facultés. Au contraire, ce qui fait la centralisation dans une société d’hommes libres, qui se groupent suivant la nature de leurs industries ou de leurs intérêts, et chez lesquels la souveraineté, collective et individuelle, ne s’ab-