Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/25

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ans pour la liberté ! Ils demandent pardon à Dieu et aux hommes d’avoir combattu dix-huit ans la corruption ! Nous avons vu le chef de l’État s’écrier, en se frappant la poitrine : Peccavi ! Qu’il abdique donc, s’il a tant de regret des cinq millions et demi de suffrages que lui a valus la République !… Ne sait-il pas que la satisfaction, aussi bien que le ferme propos, fait partie essentielle de la Pénitence ?

Puisque tout le monde se confesse, et qu’en brisant nos presses on n’a pas mis le sceau sur nos écritoires, je veux, moi aussi, parler à mes concitoyens dans l’amertume de mon âme. Écoutez la révélation d’un homme qui se trompa quelquefois, mais qui fut toujours fidèle. Que ma voix s’élève à vous, comme la confession du condamné, comme la conscience de la prison.

La France a été donnée en exemple aux nations. Dans son abaissement comme dans ses gloires, elle est toujours la reine du monde. Si elle s’élève, les peuples s’élèvent avec elle ; si elle descend, ils s’affaissent. Nulle liberté ne peut être conquise sans elle ; nulle conjuration du despotisme ne prévaudra contre elle. Étudions donc les causes de notre grandeur et de notre décadence, afin que nous soyons fermes, à l’avenir, dans nos résolutions, et que les peuples, sûrs de notre appui, forment avec nous, sans crainte, la sainte alliance de la Liberté et de l’Égalité.

Je chercherai les causes qui ont amené parmi nous les malheurs de la démocratie, et qui nous empêchent de réaliser les promesses que nous avions faites pour elle. Et, puisque le citoyen est toujours l’expression plus ou moins complète de la pensée des partis, puisque les circonstances ont fait de moi, chétif et inconnu, l’un des originaux de la Révolution démocratique et sociale, je dirai, sans rien dissimuler, quelles idées ont dirigé ma conduite, quelles espérances ont soutenu mon courage. En faisant ma con-