vingt personnes, et pour quelque objet que ce soit, qu’avec la permission et sous le bon plaisir de l’autorité : c’est déclarer que le pouvoir est tout, qu’à lui seul appartient le progrès, l’intelligence, les idées ; que la démocratie n’est qu’un mot, que la véritable constitution de la société est le régime cellulaire ; et qu’il faut, de nécessité absolue, pour la paix du monde et l’ordre de la civilisation, qu’une de ces deux choses périsse, ou l’initiative des citoyens, ou celle de l’État ; ou la liberté, ou le gouvernement. Le projet de M. Léon Faucher ne contenait pas autre chose, au fond, que ce dilemme.
Lorsque M. Odilon Barrot porta le premier la main sur l’arche sainte du gouvernement, en élevant le conflit des pouvoirs, nous répondîmes à sa pensée en suspendant sur la tête de Louis Bonaparte l’épée de Damoclès, la responsabilité présidentielle. M. Léon Faucher s’en prenait aux institutions : ce qu’il y avait de mieux à faire était de lui opposer une institution, la résistance légale.
On se souvient de cette fameuse séance du 21 mars, dans laquelle M. Crémieux, rapporteur, déclara au nom de la Commission nommée pour examiner le projet de loi sur les clubs, que par ce projet la Constitution était violée, et qu’en conséquence, la Commission cessait de prendre part au débat. On sait qu’à la suite de cette déclaration, près de deux cents membres de l’Assemblée constituante sortirent de la salle des délibérations, et se réunirent immédiatement dans l’ancienne salle, pour aviser. Ce n’était rien de moins que le commencement d’une manifestation semblable à celle du 13 juin, le premier pas dans la voie de la résistance constitutionnelle. Mais on était trop près de février ; et, admirez la prudence des représentants, par crainte d’affaiblir l’autorité, on aimait mieux tolérer une violation que faire une révolution. Grâce à un arrangement parlementaire, la démonstration de la minorité n’eut pas de suite. Mais le Peuple, dès