Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/307

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réunît toutes les conditions exigées à la fois par les doctrinaires et les jacobins.

Or, comme la société, dans sa marche progressive, épuise d’ordinaire toutes les transitions et n’admet guère d’enjambements, il devait arriver, d’un côté, que la Constitution fût modifiée au sens des jacobins, de l’autre, que le pouvoir fût donné aux hommes de l’opposition doctrinaire, afin que l’on sût à quoi s’en tenir sur la devise adoptée jusqu’à ce jour par tous les partis : Accord de la Liberté et du Pouvoir.

On observera peut-être que l’épreuve fournie par la Constitution de 1848 ne peut être regardée comme décisive, attendu que la Constitution n’est point absolument telle, avec son Président et sa Chambre unique, que l’eussent voulue chacun de leur côté les montagnards et les doctrinaires.

Mais cette observation ne saurait être admise. Ce qui constitue l’autorité dans une société, suivant la véritable acception du mot ; ce qui réalise le pouvoir et qui fait l’essence de la monarchie elle-même, c’est bien moins, comme nous l’avons vu à propos de la Constitution, la personnalité du gouvernement, que le cumul des attributions. Or, en quoi ce cumul serait-il diminué, en quoi la constitution monarchique du pouvoir serait-elle altérée et la démocratie plus réelle, parce que Louis Bonaparte aurait quitté le fauteuil, et qu’il ne resterait à la tête du pouvoir exécutif que M. Barrot, avec le conseil des ministres, l’un et l’autre à la nomination de l’Assemblée ? Avec la majorité de l’Assemblée législative pour souverain et M. de Falloux pour ministre, la guerre contre la République romaine, indiquée d’avance par la sotte piété du général Cavaignac envers le pape, en fût-elle moins devenue une politique de nécessité pour la réaction?... Quant à la dualité des Chambres, comme elle n’a d’autre objet que de servir de contrôle, et, au besoin,