de la plupart des États de l’Europe, rendirent dès lors la scission presque sans remède. La constitution civile du clergé, faisant ensuite l’Église salariée de propriétaire qu’elle était autrefois, et la reléguant dans la métaphysique du culte et du dogme, ôta toute réalité à sa puissance. Les ordonnances contre les jésuites, qui parurent sous Charles X, contresignées par un évêque, furent la consécration du schisme gallican, posé un siècle et demi auparavant par Bossuet. Enfin, la révision de la Charte en 1830, où la religion catholique perdit son titre de religion de l’État, et fut déclarée simplement religion de la majorité des Français, consomma la séparation du temporel et du spirituel, ou, pour parler plus juste, l’anéantissement de celui-ci.
L’Église ainsi humiliée, le principe d’autorité était frappé dans sa source, le pouvoir n’était plus qu’une ombre, l’État une fiction. Chaque citoyen pouvait demander au gouvernement : Qui es-tu pour que je te respecte et que je t’obéisse ? Le socialisme ne faillit pas à montrer cette conséquence ; et quand, à la face de la monarchie, la main étendue sur une charte qui niait l’Évangile, il osa se dire Anarchiste, négateur de toute autorité, il ne fit que tirer la conséquence d’un raisonnement qui se déroulait depuis des milliers d’années, sous l’action révolutionnaire des gouvernements et des rois.
Le moment est donc venu pour les puissances de l’Europe, ou de s’abjurer elles-mêmes devant l’interrogation des citoyens, ou de rappeler les jésuites et de restaurer le pape. Qui l’emportera de la Révolution ou de l’Église ? La dernière heure a sonné ; la tempête qui doit emporter le saint-siége et le trône se lève mugissante. L’éternel dilemme se serre de plus en plus, et se pose dans son inexorable profondeur :
Ou point de papauté,
Ou point de liberté.