les Gracques ; il ne peut se réaliser que par la légalité, le respect des droits acquis et de la Constitution. S’il se laisse aller aux entraînements de la politique, s’il cesse d’être chose d’institution pour devenir chose de gouvernement, s’il prétend s’établir par autorité dictatoriale, il ne réussira qu’à troubler la société et à soulever des réactions sans fin. Après des perturbations sans nombre, il finira par succomber sous les coups du pouvoir qu’il aura voulu prendre : c’est ainsi que le socialisme de 93, après s’être coalisé, pour le pouvoir, avec les jacobins, périt sous les coups des jacobins.
Mais ces considérations, qui touchent à l’essence de la propriété, ne sont rien encore auprès de celles que soulève dans les sociétés modernes le soin de la circulation, duquel dépend aujourd’hui la vie des peuples.
Peu de temps après les journées de Février, le Représentant du Peuple avait mis en lumière ce fait capital, qu’aujourd’hui la nation française ne subsiste plus, comme en 89, sur la propriété, mais sur la circulation ; que la séparation des industries, tout en augmentant la richesse, a détruit l’indépendance des fortunes ; de sorte que le même pays qui avait pu, grâce à la vente de plusieurs milliards de biens nationaux, et surtout à la différence du régime économique, supporter, depuis l’ouverture des états-généraux jusqu’au 18 brumaire, douze ans de tempête révolutionnaire sans en être ébranlé, ne pouvait plus, après février, supporter sans périr deux années de chômage[1].
Il faut donc, pour remplir les conditions du problème économique, que la Révolution, prenant la société telle
- ↑ Ce qui se passe en ce moment est la confirmation la plus terrible des prévisions du Représentant du Peuple. La propriété, annihilée par le défaut de circulation, ne rendant plus rien aux propriétaires, dévorée par le fisc et par l’hypothèque, a cessé, à Paris surtout, d’être une garantie, pour devenir la plus intolérable des servitudes. (Note de la 1re édition.)