Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/333

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la logique, et qui est inexorable dans le peuple comme la fatalité. Je sais, de plus, qu’après avoir réuni les banques à l’État, les canaux à l’État, les chemins de fer à l’État, les mines à l’État, les assurances à l’État, les transports à l’État, une foule d’autres choses encore à l’État, suivant les principes de l’économie domestique, gouvemementaliste et communautaire ; après avoir établi l’impôt progressif, aboli l’hérédité, rendu l’enseignement, y compris l’apprentissage, commun, gratuit et obligatoire, organisé la concurrence, c’est-à-dire le monopole des sociétés ouvrières contre l’industrie libre, créé des tarifs, fixé un minimum pour les salaires, un maximum pour les produits et les bénéfices, établi le papier-monnaie, etc., etc. ; je sais, dis-je, qu’il eût été impossible de s’arrêter en si beau chemin, et que, bon gré, mal gré, on serait arrivé à un transbordement général de l’industrie, du commerce, de la propriété, de tout ce qui existe enfin, en hommes et choses, sur 28,000 lieues carrées de territoire.

Je me résume donc, et je dis que le maintien de l’état légal existant au 13 mai était à la démocratie de la nécessité la plus absolue pour la réalisation de ses espérances ;

Qu’il en était de même de la Constitution, attendu qu’en refaire provisoirement une autre était inutile, et que se jeter dans l’arbitraire était impossible ;

Qu’ainsi, se placer vis-à-vis du pays et du pouvoir hors de la légalité et de la Constitution, alors qu’on ne pouvait avoir le pays pour soi, qu’on ne pouvait vaincre que par la Constitution, c’était faire acte de folie et de mauvaise foi.

Arrêté le 5 juin, le temps m’a manqué pour développer dans le Peuple ces idées, qui eussent peut-être fait ajourner la manifestation du 13. Une manifestation ! grand Dieu ! au moment où les enfants terribles du parti venaient de compromettre leur cause, en hésitant, par excès de puritanisme révolutionnaire, à se placer résolument sur le terrain