Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/355

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et réformée ? Serions-nous plus avancés, quand nous lirions la Bible en langue vulgaire ? Autant y croire que d’y aller voir ! Et là-dessus, sans conviction ni ferveur, nous gardons notre primogéniture dans la catholicité.

En philosophie, nous avons abandonné Descartes, livré à l’Allemagne le sceptre de la métaphysique. À la théorie des idées, nous préférons, comme M. Jourdain, le sens commun. Si plus tard M. Cousin et son école obtiennent un instant de succès, c’est qu’ils ont soin de se dire éclectiques !

................................ . . . . . . . . . . De tout un peu :
...............................Du vin , de l’amour et du jeu !


Tel est notre tempérament ; telle est aussi notre philosophie.

En politique, nous avons fait une grande révolution, il est vrai, mais sans en prévoir le moins du monde les conséquences. Que faisons-nous autre chose, en effet, depuis 60 ans, avec nos systèmes hermaphrodites de monarchie constitutionnelle et parlementaire, que de protester contre l’irrévocable divorce de 89 ! Fatigués bientôt des Grecs et des Romains, nous n’avons pas même pris la peine de nous faire une Constitution nationale : nous avons emprunté celle des Anglais. Après tout, autant celle-là qu’une autre. L’étude la plus approfondie des systèmes politiques ne nous enseigne-t-elle pas aujourd’hui que toutes les Constitutions, également mauvaises, sont également bonnes ?...

Dans l’économie sociale, après avoir produit l’école si originale, si novatrice, des physiocrates, nous sommes retombés, proh pudor ! à Malthus. Chacun chez soi, chacun pour soi ! Tant pis pour les maladroits qui font trop d’enfants à leurs femmes ! Voilà, jusqu’à nouvel ordre, le résumé de notre morale et de notre science. Depuis Colbert, notre commerce, un instant relevé, déchoit d’un mouvement continu ; et si, par les quantités échangées, nous tenons encore une des premières places, par le développement