Cet état de choses ne pouvait durer : aussi, la première pensée en 89, la pensée universelle, fut la dépossession de l’Église.
Mais cette dépossession ne s’accomplit point sans transaction : il n’est pas dans notre génie, hors le cas d’absolue nécessité, de prendre en rien un parti extrême. La poire, comme l’on dit, fut coupée en deux. En reprenant les biens du clergé, tout le monde fut d’accord de lui assigner, par forme de compensation, un traitement public et légal : quant à la foi, nul ne songea à y toucher. On se contenta de déclarer les opinions libres : ce qui n’empêcha pas de faire consacrer la Révolution par l’Église, et d’appeler la religion catholique, religion de l’État.
Ceux qui firent la constitution civile du clergé, et ceux qui la signèrent, étaient d’une égale bonne foi. On croyait le spirituel dûment sauvegardé ; on était loin de penser qu’un jour viendrait, et bientôt, où il ne suffirait plus à la liberté du pays, à la sécurité des consciences, à l’égalité des fortunes, d’avoir ôté au clergé ses priviléges fonciers ; qu’il faudrait lui ôter encore le salaire, que dis-je ? lui interdire toute immixtion dans l’enseignement, le soumettre à l’élection, lui défendre toute communication avec Rome, tout trafic d’indulgences, toute acquisition de biens ; le détruire, enfin, par le mariage, par le schisme, par la déconsidération et la misère.
C’est ce que devaient démontrer, avec le temps, d’un côté, la série de conséquences qu’entraînait après elle l’expropriation du clergé ; d’autre part, l’hostilité implacable du clergé pour les institutions nouvelles.
En effet, le premier résultat de la reprise des biens d’église et de l’établissement d’un budget des cultes, était ce qu’on a appelé Constitution civile du clergé.
Puisque, par mesure de nécessité publique, le clergé cessait d’être propriétaire pour devenir salarié, comment ne