époque, le principe d’autorité n’avait pas été mis en question ; l’expression monarchique seulement s’était fait proscrire. Quant au pouvoir en lui-même, ceux qu’on appelait anarchistes et enragés y étaient aussi fidèles que les autres : ils étaient plus violents, voilà tout. Le jacobinisme, porté au gouvernement par une succession de crises irrésistibles, était donc d’accord, sur la question politique, avec le consentement universel : mais comme il représentait la classe immédiatement au-dessous de la moyenne, il semblait le nec plus ultra du mouvement révolutionnaire, l’expression la plus complète de la démocratie. C’est ce qui fit sa force. Rester en deçà de la société jacobine, ce fut, pendant deux ans, se mettre au-dessous du niveau révolutionnaire ; aller plus loin, c’était exagérer et se rendre suspect.
Le jacobinisme, ainsi constitué et servi par les événements, devait donc arriver au pouvoir. Mais une fois là, il devait succomber à son tour, soit par l’exagération de sa politique et l’incapacité de ses chefs, soit par l’effet du temps, qui use tous les masques et met à nu le vice de tous les systèmes.
L’exagération et l’incapacité firent seules tomber les jacobins en thermidor. Comme ils ne furent pas usés et réfutés par l’expérience, on put croire qu’il restait au parti un avenir ; qu’il aurait plus tard, ainsi que la monarchie constitutionnelle, sa restauration et son règne. C’est ce qui motiva la réapparition du jacobinisme après 1830, et qui constitue aujourd’hui toute sa valeur.
Mais ce même jacobinisme, qui en 1830 pouvait paraître logique et conséquemment avoir encore des chances, les a depuis complètement perdues : la propagande socialiste, le progrès de la raison publique, pendant les 20 dernières années, lui ont enlevé, comme aux partis monarchiques, toute raison d’existence. Aujourd’hui, en effet, la question n’est plus politique, mais sociale : et il est si vrai que le mouve-