preuve. La main de Robespierre avait paru trop rude ; celle du Directoire fut trouvée trop faible. À qui la faute, encore une fois ? Le Directoire, né sous les impressions de thermidor, était sorti d’une pensée de relâchement ; jamais, malgré le républicanisme de Carnot, la fermeté de Lareveillère-Lépeaux, l’appui du général Bonaparte et le coup d’État de fructidor, il ne put se donner l’attitude d’un pouvoir fort, et obtenir le respect. Ce que le besoin du moment l’avait fait, il le devenait malgré lui, de plus en plus. Le Directoire se résumait en Barras, et Barras, c’était toute la corruption de thermidor. Le pouvoir, s’il n’est Dieu, est une brute ou un automate : la volonté, la raison des individus n’y peuvent rien. Élevés au pouvoir, ils deviennent bientôt eux-mêmes ce que le pouvoir veut qu’ils soient. Louis XVI, représentant d’une transaction impossible, ment à la Constitution ; la Convention, créée pour le péril, ne comprend plus que le supplice ; son intelligence s’était retirée tout entière dans l’échafaud. Le Directoire, à qui l’on avait demandé le repos, tombait en léthargie. Quand Bonaparte revint d’Égypte, la Révolution était en péril, et, comme toujours, par l’incapacité du gouvernement. Aussi faut-il reconnaître, à notre honte peut-être, que le 18 brumaire fut bien moins l’œuvre du général que de l’immense majorité du pays. Le gouvernement n’allait plus ; on le changeait : voilà tout. Le Consulat s’établit donc, comme le Directoire, comme la Convention, comme la Monarchie de 1790, pour la Révolution ; quitte à tomber à son tour, lorsque par le déploiement de son principe, il arriverait à faire obstacle à la Révolution. En Bonaparte la Révolution fut donc, ainsi qu’on l’a dit depuis, de nouveau incarnée. Allait-elle être mieux servie par ce nouveau représentant du pouvoir ? C’est ce que l’on aperçut bientôt. Suivons, sous Bonaparte, la fortune du gouvernement.
Consulat — Empire. — L’illusion, alors comme aujour-